l’atelier des collégiens

Un atelier d’écriture a eu lieu pendant 8 semaines de septembre à décembre 2018 à la librairie Tire-Lire à Toulouse. Six collégiens super motivés (3 filles et 3 garçons) qui ont chacun écrit une nouvelle et réalisé une petite reliure pour mettre leur œuvre en forme. Un nouvel atelier est proposé à partir de février.

Merci à Cécile de nous avoir accueilli à la librairie et merci aux écrivains en herbe pour leur bonne humeur et leur imagination

Avec leur accord, je publie ici les textes écrits :

J’ai mal

Il faisait froid et des bruits inquiétants nous faisaient frémir d’inquiétude moi et mes comparses. Des ombres noires et blanches indistinctes se répercutaient et valsaient sur les murs gris. 142 jours avaient déjà très lentement passé. Oh comme la lenteur est triste et angoissante. 56 de mes compagnons avaient déjà quitté les lieux me prenant, à chaque fois, un petit peu de mes souvenirs. Des fois on me rendait visite, mais c’était pour me scruter sous le regard flamboyant de notre surveillant Méphisto. Ça sentait le moisi et le renfermé et pour couronner le tout l’atmosphère était sèche et chaude. On devenait de plus en plus fous à force de vouloir et de croire qu’un beau jour, un beau matin, nous sortirions de ce bâtiment gris et que le soleil éclairerait nos pas.

Puis un jour de soulagement, on me déplaça pour me mettre dans une cellule encore plus étroite. En contre partie, j’avais de la lumière et une délicieuse odeur de rose et de caramel flottait dans l’air doux et apaisant. Mais je me rendis vite compte que cette prison était pire que la première ! il y avait encore plus de bruit et l’on était tellement serrés qu’on transpirait tout le temps. Le pire était la porte qui grinçait et qui émettait un tintement funèbre.

J’en étais à mon 167 eme jour de détention forcée, on m’effleura puis on me prit par le dos et l’on m’ouvrit pour me lire, me lire moi, mes mots et mes chansons. Puis je la vis, je veux dire la petite fille qui me souriait tendrement et j’entendis une dernière fois le tintement de la porte bringuebalante, moi le Robert des chansons connues.

Méchante, vraiment ?

  Sol Badayte observa scrupuleusement le bâtiment et pesa le pour et le contre : si quelqu’un de son lycée la voyait entrer dans cette librairie pour enfants, sa réputation était fichue, mais si elle n’achetait pas ce foutu bouquin, alors son budget vêtements allait perdre son ravitaillement hebdomadaire, ce qui lui ferait perdre, par association, son statut de « fille la plus populaire du lycée ». Sol regarda ses ongles parfaitement manucurés, embêtée. Elle releva la tête et, dans une attitude nonchalante feinte, observa à gauche puis à droite. Parfait, personne de connu en vue. Elle pénétra dans la librairie d’un pas assuré, ses talons hauts frappant la chaussée. « Brrrrr, se dit-elle, Nico à bien de la chance de m’avoir ».

  Dès qu’elle fut dans la librairie, la jeune femme chercha le rayonnage « Fantastique » des yeux. Son regard s’arrêta enfin sur l’étagère correspondante et sa main ornée de bagues arracha le livre que sont petit frère réclamait, à grands cris, depuis des mois. Percy Jackson 3 en main, Sol s’avança vers la caisse et paya.

  Enfin débarrassée de sa corvée, elle s’apprêtait à partir quand, soudain, elle aperçut son reflet dans la vitre transparente qui donnait sur la rue. Horreur ! Son rouge à lèvres avait disparu ! D’un pas décidé quoiqu’un peu rapide, Sol se dirigea vers les toilettes de la librairie. Elle était si obnubilée par la couleur de rouge à lèvres qu’elle allait choisir qu’elle n’entendit pas la libraire dire « Nous fermons dans cinq minutes».

  Arrivée dans les toilettes, Sol ouvrit son sac et écarquilla grand les yeux. Elle qui voulait mettre sur ses belles lèvres pulpeuses un rose pâle, voilà qu’elle l’avait oublié chez elle ! Décidément, l’univers était contre elle aujourd’hui. Elle regarda alors quelle couleur il lui restait et se décida finalement pour du rouge carmin, mettant en valeur, dans ce début de soirée éclairée, son beau visage mince et bronzé. Soudain, toutes les lumières s’éteignirent. Voulant faire réagir le capteur, Sol agita sa main vers l’ampoule pendant cinq secondes, mais la lumière ne revint pas. Une idée atroce lui vint alors en tête et elle courut à la porte de la librairie. Close. La jeune femme dut alors se rendre à l’évidence : la librairie avait bel et bien fermé.

  Sol sortit son téléphone. Plus de batterie. La jeune femme éclata d’un rire amer. Évidemment. Le destin devait bien rire, installé sur un canapé devant sa télé en train de regarder un feuilleton quotidien : Une journée horrible chez l’adolescente : Aujourd’hui, Sol Badayte. La lycéenne fit le tour de la librairie, recherchant un signal d’alarme ou une alerte incendie, pouvant alerter l’extérieur. Elle ne trouva rien.

  Sol allait finalement s’asseoir sur les canapés bordant les étagères en bois quand elle remarqua une lumière de plus en plus aveuglante qui semblait émaner d’un livre. Un livre qui semblait grossir et grossir. Un livre qui cracha une jeune fille aux cheveux blonds sales et qui semblait dégager une aura de folie douce. Luna Lovegood, les yeux écarquillés de stupeur, se tenait au beau milieu de la pièce.

  – Bonjour, dit Luna. Qui es-tu ?

Sol fut sidérée que la jeune fille ne soit pas plus étonnée de se retrouver de nuit avec une parfaite inconnue au lieu de son dortoir de Poudlard.

  – Quelqu’un qui n’a pas envie de te parler, répondit Sol d’un ton méprisant.

Luna sembla alors se fermer et quelque chose mourut dans ses yeux. Comme si, tout d’un coup, elle venait de voir certains de ses espoirs faner et se dessécher.

  Sol s’assit alors, les mains dans les poches de son jean de marque et sortit son téléphone. Elle n’avait plus de batterie ça, elle le savait déjà, mais, après tout, cette fille était une sorcière, peut-être qu’elle pouvait lui recharger son portable. Son orgueil l’empêcha cependant de demander : elle venait d’envoyer bouler cette fille, elle ne pouvait pas se mettre à ramper devant elle juste pour espérer sortir de cet endroit. Son ego avait des limites. Pas sa méchanceté.

  – Qu’est-ce que tu fais ici, Loufoca ? Cracha la lycéenne, utilisant le surnom humiliant dont se servaient les camarades de classe de la blonde pour la désigner. Tu t’es perdue ?

  -Je rêve, dit simplement Luna. Je rêve et j’attends de me réveiller. Même si je ne suis pas pressée. Le manoir des Malefoy n’est pas très accueillant.

  – Quand est-ce que tu pars ? J’en ai déjà marre de te voir.

Sol la regarda alors d’une façon si méprisante que Luna trembla de la tête aux pieds.

  – Je sais ce que t’essayes de faire, murmura la blonde. Tu t’amuses. Tu essayes de me briser. Ne t’en fais pas, ils y arrivent très bien, là-bas.

  Et Sol ne sut pas si elle parlait du manoir des Malefoy ou du harcèlement que lui faisaient subir certains camarades de Poudlard. La jeune fille voulut s’excuser mais, encore une fois, son orgueil l’empêcha de parler.

  Luna partit s’asseoir sur un des canapés, ses cheveux pendant tristement dans son dos et Sol ne parvint pas à reconnaître la jeune fille si légère, si lumineuse, si optimiste et si gaie décrite par JK Rowling. Elle ne voyait qu’une adolescente brisée que des mois de torture avaient changée en une petite chose fragile et recroquevillée sur elle-même. Et cela lui fit mal. Elle ne voulait pas voir une héroïne de roman qui était un modèle pour tant de personnes dans le monde s’effondrer de la sorte. Alors Sol tourna la tête vers elle et lui sourit. Un sourire, ça ne voulait rien dire. Non ? Elle ne s’excusait pas à proprement parler. Elle se contentait de lui sourire et ça ne voulait rien dire.

  Luna lui sourit en retour et Sol eut l’impression qu’elle comprenait son message, qu’elle comprenait que, même si elle ne lui disait pas, elle était désolée. En la regardant, Sol eut l’impression qu’elles étaient différentes mais semblables en même temps : les deux jeunes filles avaient le don de sonder les gens, de lire leurs cœurs, leurs esprits, leurs espoirs et leurs peurs. La différence était que Luna se servait de ce don pour aider alors que Sol l’utilisait pour son profit personnel, écrasant les autres en se servant de ce qu’elle avait pu lire en eux pour pouvoir accéder au top de la pyramide de popularité du lycée. « Mais au fond, qui a raison, se demanda Sol, je ne me fais pas harceler, on ne se moque pas de moi. Je suis puissante.  »

  – Mais c’est à cause des gens puissants que je suis comme ça. À cause du sentiment de puissance qu’ils promènent avec eux et qui les laisse penser que les autres sont inférieurs, dit Luna.

   – Je sais mais je suis comme ça, et je ne peux pas changer, avoua Sol. Ça demande trop d’efforts, je devrais trop prendre sur moi. Mais je suis fainéante et égoïste, et je sais que je ne ferais jamais ça.

  – Si tu n’essaies pas, tu n’avanceras pas. Crois en toi…

Et Sol sut que c’était la fin. Qu’avaient-elles d’autre à se dire ? Luna dut le sentir aussi car elle lui sourit une dernière fois, fit un geste de la main et disparut, laissant derrière elle une mèche blonde que Sol ramassa.

Le lendemain, matin, quand la libraire ouvrit sa boutique, la première chose qu’elle vit fut une jeune fille endormie, serrant dans sa main des cheveux jaune pâle et murmurant dans son sommeil « Je vais essayer… »

Histoires de famille

1.

Je m’appelle Anna Hicker, j’ai 13 ans et j’habite à New York. Je voudrais vous parler d’un livre, celui-ci est secret mais pourtant convoité dans le monde entier. Ce livre est une œuvre de mon grand-père, Paul Hicker. Il voulait que son livre reste secret, mais mon père n’a pas respecté ce souhait et a dévoilé son emplacement, ou, plus précisément, la ville où le livre se trouvait. New York, une ville magnifique contenant le livre le plus convoité du monde. Aujourd’hui me voilà seule, mon grand-père est décédé et mon père est heureux de sa trahison. Cette joie de mon père me met en colère, alors, je prends une décision. Je vais trouver ce livre, savoir pourquoi il est tant convoité et le cacher ailleurs. Seulement, les choses ne sont pas aussi simples, je ne connais pas l’emplacement exact du livre.

2.

 Où vais-je pouvoir trouver des informations ? Qui pourra m’aider ? Des questions valsent dans ma tête. Puis, je repense à la pièce interdite de ma maison, et aujourd’hui je me rends compte que celle-ci est sûrement la réponse à toutes mes interrogations. Je vais parvenir à y rentrer, et savoir, si, comme je le pense elle est la réponse à mes questions ou non ! La pièce est au 3eme étage de ma maison, ça je le savais, mais où est la clé, je n’en ai aucune idée… Pour moi il n’y a qu’un seul endroit où la clé peut être en sécurité: la chambre de mon père. Elle est au 2eme étage de ma maison, mon père n’est pas là, PARFAIT,je commence à monter le grand escalier qui y mène, tout à coup, à la 5eme marche, un bruit strident se fait entendre, je sursaute, tombe et me rend compte que ce n’est qu’un oiseau sur le toit. Je suis angoissée. Pourtant je n’ai aucune raison de l’être ! Mon père n’est pas là et il ne revient pas avant la nuit ! Arrivée à sa chambre je ne perds pas de temps et me mets à fouiller partout ! Au bout de 15 minutes, sous le lit, à côté d’une boite en carton, je remarque un trousseau de clé, alors je l’attrape, le prend dans mes mains et y observe les différentes clés.

Il y en a 4 : trois clés normales et une recouverte en partie de feuilles d’or. Je sors de la chambre et les observe de plus près, aucune étiquette ne m’indique à quoi servent ces clés, alors je décide de toutes les tester. Je monte au 3eme étage et commence à les passer dans la serrure, la 1ere refuse catégoriquement de rentrer dans la serrure, la seconde rentre mais ne tourne pas, la 3eme refuse aussi et la dernière rentre dans la serrure, fait un 1er tour puis un second et la porte s’ouvre !! Dans un élan de joie, je rentre dans la pièce et me met à chercher l’interrupteur, il n’y en pas. Je prends mon téléphone et allume la lampe torche, et là je découvre une pièce vide… ou presque, j’y trouve une table et une chaise, je m’approche et sur la table, je vois une carte. Je l’observe et comprends qu’il s’agit d’une carte de New York, sur laquelle il y a une inscription :«Emplacement du livre » J’ai trouvé!!!!! Je m’empresse de regarder où est le point : «Strand Bookstore » Ma librairie préférée ! Alors je ferme la porte, mets la clé dans ma poche et pars pour la librairie.

3

Arrivée à destination, je rentre dans la librairie et me mets à réfléchir. Où est-ce qu’un livre peut être caché dans une librairie ? Dans les livres, évidemment ! Je commence                                                                        par juste marcher en regardant les reliures des livres, puis je me dis qu’il est facile de rajouter une couverture de papier à un livre ! Alors je commence à toucher chaque reliure pour essayer d’attraper, à un moment ou un autre, une couverture rajoutée et tomber enfin sur le livre de mon grand-père. Je fais 1 rayon puis 2 puis 3,4, 5,6… La librairie est géante !! Arrivée a la fin du douzième rayon je remarque quelque chose, les livres posés ici ne portent pas de nom ni d’auteur, j’en ouvre un et là… Il est vide, que des pages blanches, j’en ouvre un 2eme, PAREIL ! Ce sont des faux, ils doivent juste servir à cacher quelque chose… Et pourquoi pas un livre secret, par exemple ? Je les enlève un à un délicatement et derrière les étages je perçois une porte. Une porte cachée derrière des livres, quelle idée !! Alors je décale délicatement l’étagère et d’un coup je me demande, pourquoi personne ne m’empêche de décaler cette étagère, pourquoi personne ne me demande ce que je fais ?

Je me retourne et me rends compte que je ne suis plus dans la librairie mais dans une salle peu éclairée et surtout une salle vide ! Et là je me mets à paniquer ! Je crie au secours ! PERSONNE. Il n’y a personne. Alors j’oublie cette histoire et me retourne pour ouvrir la porte, j’essaye et elle s’ouvre, elle n’est pas très sécurisée la cachette ! La salle est éclairée et au milieu il y a un livre. LE livre. J’avance, m’approche, me baisse et le touche, la couverture est rigide les pages assez vielles, il est magnifique, je le prends, m’assois et l’ouvre : « Histoires de la famille Hicker et de son entourage »  par Paul HICKER.

Je commence à le lire, et là avec stupéfaction je me rends compte que le livre le plus convoité du monde est juste l’histoire de…. Ma famille !

A la 50eme page je lis : « A toi Anna d’écrire la suite ».  Et là je me rends compte de ce que je dois faire…

4

-Anna, Lève-toi!!

-J’arriiiiiiiive!!!!

-Dépêche-toi tu vas être en retard !

-J’arrive Papa !

Je me lève péniblement de mon lit et vais vers la cuisine :

-J’ai fait un rêve énorme cette nuit !!

-C’est quoi ?

-Ma famille avait un livre secret et toi tu avais trahi papi, et après je devais retrouver le livre, je ne me souviens plus très bien, sauf que TU m’as réveillée alors que j’étais presque à la fin !

– Pardon, je ne peux pas savoir quand tu rêves !! Bon finis ton petit-déjeuner et va te préparer !

-OK

Je finis ma tartine puis vais dans ma chambre et essaye de me remémorer mon rêve finalement c’est cool de rêver !

Les livres fantômes

    Lucie s’arrêta au seuil de la librairie, elle ferma les yeux et inspira longuement puis elle se décida à entrer. C’était son rituel, tous les jours elle faisait ça et tous les jours elle allait à la librairie ; elle adorait lire des histoires. Mais ce jour-là, elle n’était pas aussi heureuse que d’habitude quand elle se dirigeait vers les livres. Ses amies, sauf Alice (sa meilleure amie), qui restait avec elle pour l’instant l’avait laissée tomber et pour la première fois, Lucie avait envie d’être reconnue.

    Reconnue signifiait qu’elle devait trouver une idée pour faire avancer la société, ça pouvait être une astuce de beauté ou un objet pratique, plus ton idée était utile ou appréciée, plus tu étais reconnu et célèbre. Être reconnu permettait aussi de gagner de l’argent ; jusqu’à maintenant, ça n’avait jamais intéressé Lucie. Elle se dirigea comme à son habitude du côté fiction de la librairie. Les livres, tous dotés de puces magnétiques volantes, flottaient autour d’elle, certains pour aller se ranger dans les étagères, d’autres pour aller dans les mains des utilisateurs. Les écrans de recherche du côté scientifique étaient tous occupés tandis que ceux du côté fiction étaient désertés. Les gens n’aimaient plus les histoires.

    Lucie laissa sa main glisser sur les tranches des livres. Ils étaient lisses, ses doigts couraient facilement dessus. Tout à coup, elle s’arrêta car elle sentait une matière différente sous ses doigts. Le livre était en même temps lisse et rugueux. Elle se mit sur la pointe des pieds pour mieux le regarder, il était en cuir noir. C’était bizarre, les livres étaient pourtant tous fabriqués en plastific avec la tranche grise. Pourquoi est-il sur cette étagère et pourquoi personne ne l’a-t-il remarqué ? se demanda Lucie. Elle prit le livre ; sur la couverture, il y avait écrit MODE D’EMPLOI. Elle le feuilleta, une phrase attira son regard : « Il ne faut jamais abuser du pouvoir des livres magiques ». C’était apparemment un mode d’emploi pour utiliser des livres magiques. Lucie se dit que c’était une mauvaise blague mais c’était plus fort qu’elle, ce livre l’attirait.

     Elle prit l’autre livre qu’elle voulait acheter, paya et sortit, les deux livres sous le bras. Elle rentra chez elle, fit ses devoirs et commença à lire le mode d’emploi. 

     « Ce carnet est le mode d’emploi des livres magiques ; il vous aidera à trouver la bibliothèque magique et à utiliser les livres magiques. »

    Étrangement, elle commençait à y croire. Une bibliothèque magique, ça se rapprochait de toutes les histoires fantastiques qu’elle avait lues. Des livres avec des pouvoirs, voilà qui pourrait être utile à la société. Lucie se redressa excitée : elle avait trouvé le moyen d’être reconnue.

    Le lendemain, Lucie alla au collège avec le mode d’emploi dans son sac. Elle n’avait pas eu le temps de le finir. Elle le lirait en cours. Dans la cour, il y avait son groupe d’amis, enfin, son ancien groupe d’amis, ils l’avaient lâchée hier. La scène repassa dans sa tête : Tara, la leader, qui se dirigeait vers elle, qui lui disait que dans le groupe tout le monde faisait des efforts pour être reconnu sauf elle qui ne lisait que de la fiction que ça ne l’avancerait en rien et que si elle voulait refaire partie du groupe elle devrait être reconnue.

    Cette fois, Lucie savait exactement quoi faire. Elle allait trouver la bibliothèque puis elle allait envoyer son idée par message au robot trieur qui trouverait son idée intéressante et la publierait. Ainsi, elle sera célèbre et ça en boucherait un coin à Tara.

    Justement, la voilà qui se rapprochait accompagnée de sa meilleure amie Sumer :

     – Alors Lucie, tu as trouvé une idée ?

     – J’y travaille, Tara, dit Lucie en souriant.

     – C’est un sujet intéressant ? demanda Sumer.

     – Bien sûr.

     – Tu vas faire quoi ?

     – Surprise, vous verrez bien.

     – Bon alors, salut Lucie, dit Tara en faisant tinter ses multiples bijoux.

    À la fin des cours, Lucie se précipita à la librairie. Le mode d’emploi était divisé en deux parties : une pour les règles d’utilisation des livres et l’autre pour le fonctionnement et à la toute fin, le moyen de trouver la bibliothèque. Il y était écrit qu’il fallait retrouver l’endroit où il était rangé et l’y glisser à l’envers.

    Elle retrouva sans problème l’endroit où elle avait trouvé le mode d’emploi. Après tout, ce livre sortait de l’ordinaire. Elle le mit avec la tranche contre le fond de l’étagère et tout à coup, la librairie se teinta d’une lumière bleutée, et les étagères se mirent à bouger. Lucie jeta un regard craintif vers la libraire. Elle discutait avec un client. Personne ne semblait remarquer ce qu’il se passait. Quant aux étagères, elles s’ouvraient sur un grand trou noir.

     Craintivement, elle s’avança dans le trou noir, le mode d’emploi dans les mains, tandis que les étagères se refermaient derrière elle. Pendant un long moment rien ne se passa puis soudain, tout se mélangea autour d’elle et des portes s’ouvrirent sur un couloir sans fin. Lucie l’emprunta. Elle se demandait ce qui l’attendait au bout. Si elle devrait combattre un monstre hideux ou échapper à des pièges mortels comme dans toutes les histoires d’aventures. Alors que la marche s’éternisait elle arriva devant une grande porte.

     Est-ce que c’est la porte de la bibliothèque ? se demanda-t-elle excitée. Elle devait l’ouvrir pour le savoir. Une voix s’éleva, qui semblait venir de nulle part.

    – Citez-moi trois règles d’utilisation des livres magiques.

    Lucie ne s’en souvenait plus très bien. Elle allait ouvrir le mode d’emploi mais il lui brûla les mains et elle le lâcha. Elle devra faire appel à sa mémoire ou il lui semblait que ce serait fini pour elle.

     – Voyons… la règle principale, celle-là elle s’en souvenait, c’était écrit sur presque toutes les pages du carnet, ne jamais abuser du pouvoir des livres magiques.

    Plus que deux. Une bribe de phrase lui parvint en mémoire.

     – Utiliser deux livres magiques en même temps est extrêmement dangereux et donc interdit.

    Plus qu’une. À chaque fois qu’elle entrevoyait une phrase celle-ci lui était aussitôt inaccessible. Son cerveau était trop embrouillé, elle n’arrivait pas à réfléchir. Une lumière dorée emplit l’espace autour d’elle. Elle ne distinguait plus que son corps. La voix retentit à nouveau.

     – Le temps est bientôt écoulé, il ne vous reste plus que trente secondes.

    Tiens, une limite de temps, ça lui disait quelque chose.

     – Dix… neuf… huit… sept…

    Ça y est, elle se souvenait.

     – Cinq… quatre…

     – Utiliser les livres magiques au-delà de la limite de temps indiqué au début de chaque livre est interdit.

    Lucie expira longuement. Avait-elle réussi ? La lumière s’abaissa et Lucie se retrouva dans le couloir. Devant elle les portes s’ouvrirent. Elle ramassa le mode d’emploi et entra. Elle avait trouvé la bibliothèque.

    La bibliothèque était teintée d’une lumière bleue et une fine couche de poussière couvrait le sol et les étagères. On aurait dit que les étagères montaient à l’infini. Certains livres étaient plus grands que Lucie. Elle se sentait flotter ; en réalité, elle flottait vraiment. Il n’y avait presque pas de gravité. Lucie tenta quelques brasses dans l’air, elle fut projetée à cinq mètres au-dessus du sol. Elle s’approcha des étagères pour effleurer les livres du doigt et elle en choisit un, il mesurait la moitié de sa taille et semblait très lourd mais elle redescendit à terre aussi légèrement qu’une plume. Elle posa le livre par terre et commença à lire. Ce livre servait à multiplier les objets. Elle décida de faire un test. Qu’allait-elle multiplier ? Quelque chose de petit pour commencer. Son élastique à cheveux, par exemple. Pour multiplier un petit objet, il fallait le poser sur le livre ouvert et dire quelques mots imprononçables.

     – Swterlictl lalirsti burnietliaclopein itch.

    Sur la page à côté, un élastique à cheveux apparut, identique au sien. Les livres fonctionnaient. Émerveillée, elle ramassa les élastiques et remonta chercher d’autres livres. Il y en avait pour changer la taille des objets, pour faire disparaitre des objets, pour changer la contenance d’objets, pour changer le poids des objets, pour voler… Lucie se dit que serait marrant si elle pouvait faire disparaitre Tara et Sumer. La jeune fille regarda les livres pendant des heures, elle mit un sacré désordre dans la bibliothèque puis elle se décida à rentrer chez elle. Elle jeta un coup d’œil circulaire à la pièce, elle aurait bien aimé tout emporter.

    En sortant un panneau attira son attention : « manipulations sur les livres magiques » Les livres sur cette étagère étaient tous plus grands qu’elle. Elle lut les premiers titres : « manipulations de poids sur les livres magiques ». Grâce à ces ouvrages, elle pouvait ramener 4 ou 5 livres magiques chez elle. Pendant la semaine qui suivit, elle retourna à la bibliothèque pour essayer tous les livres magiques et en ramener d’autres chez elle. Les ouvrages étaient devenus son quotidien, elle sentait pourtant qu’ils étaient de moins en moins puissants mais elle s’en fichait et continuait de les utiliser.

     Elle y retourna une dernière fois pour y envoyer son idée. Partout par terre, il y avait des livres, elle les avait tous essayés. Elle prit le livre attire objets pour attirer son téléphone. Ça y est, elle allait enfin envoyer son idée. Mais juste avant d’atteindre sa main, le téléphone tomba par terre. Lucie, atterrée, regarda les livres. Que se passait-il ? Les livres, les uns après les autres, disparaissaient. Derrière elle, son sac craqua, elle avait mis trop de choses dedans. Son deuxième élastique disparu. Il ne restait plus que la bibliothèque et le mode d’emploi.

                               Elle avait abusé des livres magiques.         

La différence est une force

J’ai toujours su que j’étais différent. Déjà, mon nom, n’en parlons même pas ! Dès qu’on est en ma présence, on ne peut s’empêcher d’émettre un bâillement. On dit que je suis fatiguant, certains m’appellent même dans mon dos le somnifère ! Je n’ai vraiment pas la vie facile… Quand j’étais encore petit et fragile, on m’a bougé dans tous les sens, on m’a collé, on m’a écrit dessus : bref, on m’a fait toutes les souffrances possibles et inimaginables. Et j’étais encore loin d’imaginer le reste de ma vie, oh oui, très loin ! On m’a enfermé, ligoté et serré dans un camion avec mes semblables qui avaient subi le même sort. On ne m’a même pas regardé une seule fois… Ensuite, des hommes suants et musclés nous ont porté comme des bêtes jusqu’à un bâtiment étroit où je ne connaissais personne.

Plusieurs dames, surprises de notre nombre, nous ont accueillis. Nous avons ensuite été séparés et je me suis retrouvé seul face à des plus grands que moi, plus colorés et plus larges. Les premiers jours, ils ne m’ont même pas calculé. Mais les suivants, ils ne m’ont plus lâché d’une seule semelle. Ils m’ont vraiment fait vivre un enfer, me critiquant vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J’en avais marre mais je ne pouvais pas bouger alors je restais, tête baissée. Eux, je les voyais bien, ils se marraient dans mon dos et se foutaient de moi. Quoi ? J’étais différent, c’était bien ça ? Et bien on ne choisit pas ses origines et oui, j’ai du mal à les assumer ! Souvent je pleurais mais mes ennemis ne s’en rendaient même pas compte… ça ne servait à rien, plus à rien.

Un jour, un de mes frères se rangea à côté de moi. Timide, il ne parlait que rarement mais lui aussi se faisait harceler. Un jour, je lui ai parlé :

  – Bonjour, formule de politesse ayant pour but de saluer une personne, par conséquent vous. Vous, sous-entendu votre personne, avez sûrement dû remarquer qu’avec nos colocataires, mot signifiant qu’ils vivent avec nous sur le même espace (voir cohabiter), ce n’est pas possible. Ce n’est PLUS possible. Seriez-vous d’accord pour essayer d’obtenir par le biais d’une ruse un terrain d’entente ? J’entends par là de pouvoir vivre dans un cadre de paix avec eux, sous-entendu ces individus présents derrière votre dos.

Il n’eut pas besoin de réfléchir longuement : c’était OK. On se concerta en silence, pour que les autres ne puissent pas écouter. Après quelques allers-retours de lumière, nous avions une idée solide mais pas violente. On s’était mis d’accord, et c’était moi qui agirais, mon avenir, notre avenir, était entre mes mains.

J’attirais leur attention puis, de toutes mes forces, m’ouvrit pour leur montrer ce que j’avais dans le ventre. Ils éclatèrent de rire. L’un d’eux s’approcha de moi puis, comme hypnotisé, se mit à inspecter mes parties intérieures, les unes à la suite des autres. Il fut imité par toute sa tribu. Après avoir fouillé toutes mes entrailles, ils me regardèrent calmement puis se mirent à pleurer, très peu, mais assez pour que je puisse le voir. Ils m’expliquèrent :

  – Toi, tu es riche, intéressant et touchant. Tu nous as regardé nous ? On ne fait rire que des gamins inconscients et encore, pas tous. Tu sers à quelque chose, toi ! Tu instruis, éduques tout en ayant un peu d’humour. On t’a tous sous-estimé. On te demande de nous excuser.

Grâce à notre super ruse, on s’était réconcilié et, peu à peu, un cadre de paix s’était enfin installé ! Comme quoi, il suffit de montrer sa beauté intérieure pour se faire voir autrement ! C’est complètement stupide.

Or, de nombreux jours plus tard, la même dame qui m’avait accueilli se dirigea vers moi et mon égal et s’exclama :

  – Oh ! Qu’est-ce que vous faites avec les livres jeunesse ? Les documentaires, c’est par ici, sur la grosse étagère.

Elle nous transporta là-bas, et j’étais loin d’imaginer d’avoir un pincement au cœur pour ces couvertures qui m’étaient devenues familières. Avec mon frère, on était triste mais dans notre nouvel endroit, on était tous pareils et on se comprenait mutuellement. On était devenus inséparables en très peu de temps et on espérait ne jamais se détacher. Ah oui, j’oubliais, je m’appelle « La différence est une force » ! C’est une coïncidence, ou pas…

La grande aventure

Jean était un adolescent de 15 ans tout ce qu’il y avait de plus banal. Il adorait sa vie : des copains géniaux, une petite amie adorable, de bonnes notes à l’école et des parents et des profs cools. Il avait toujours eu de la chance dans la vie, rien ne lui échappait : c’était le meilleur rugbyman de son club. Cependant, la seule chose manquante à son palmarès incroyable était une aventure…

Depuis qu’il était tout petit, il avait soif d’aventure, de toutes les aventures possibles et imaginables. Il voulait sauver le monde comme Percy Jackson, tuer le méchant comme Harry Potter, avoir la Force de Dark Vador, pouvoir voler comme Peter Pan, voir l’impossible comme Larry Daley de la Nuit au Musée, avoir l’intelligence d’Hermione Granger, le courage de d’Artagnan, l’esprit de Cyrano de Bergerac, la beauté de Logan Lerman… Bref, il voulait être un héros. Mais, rien ne lui était jamais arrivé. Il était resté coincé devant sa télé, incognito. Il était resté anonyme, triste et banal.

Pourtant, il avait tout essayé. Il lui était déjà arrivé de rester au musée après la fermeture : il avait fini au poste de police. Il avait essayé de provoquer un camarade en duel : il avait fini dans le bureau du principal. Il avait essayé de sauter du toit de sa maison pour voler : il avait fini à l’hôpital. Il avait essayé de provoquer la fin du monde pour pouvoir le sauver : il avait fait exploser sa classe de chimie et avait été exclu du collège pendant deux jours. Rien ne marchait. Sa vie restait plate, monotone, toujours la même et il en avait marre.

Un jour, il alla dans une librairie pour acheter un livre pour son petit frère, l’Odyssée d’Homère. Ah, ironie ! Lui qui avait lu ce livre et avait rêvé d’être Ulysse, naviguant sur les flots et combattant les monstres les plus terribles… Le livre payé, il allait partir quand il entendit une voix, émanant du rayon mythologie. Il s’en approcha et vit un livre ouvert illuminé.

– Bonjour petit, je suis Zeus, rois des cieux et le plus grand dieu de l’Olympe. Je suis venu ici pour te trouver car j’ai besoin d’un héros, un héros pour sauver le monde. Et tu m’as l’air d’être le candidat parfait. Je t’ai étudié pendant des années, tu es l’élu. Te joindras-tu à moi dans cette longue et lourde aventure ?

– Non.